Catherine Frelin, consultante en financement de l’innovation et de la recherche, était l’invitée de l’Alliance française et de la Société d’histoire de Toronto, les deux organismes ayant noué un partenariat pour offrir une conférence virtuelle sur le bilan à tirer de la gestion de la pandémie au Canada.
Question de mettre la table, Mme Frelin s’est attardée un bon moment sur les autres pandémies ayant marqué l’histoire avant la COVID-19.
Ainsi, en 1746, les équipages d’une flottille de navires de guerre battant pavillon français en route vers Port-Royal, en Acadie, avec pour mission de reprendre cette ville occupée par les Anglais, sont décimés par le typhus. Des 3150 soldats à bord, 2400 périssent de la maladie qui ravage également les Mi’kmaqs de la région.
C’est également le typhus qui décime les immigrants irlandais qui, en 1847, tentent de venir trouver refuge au Canada : 9293 meurent pendant la traversée et 1037 de plus décèdent à Grosse-Île, au milieu du Saint-Laurent, où ils sont gardés en quarantaine.
Avec l’épidémie de variole de 1885, Mme Frelin s’est attardée à un cas qu’elle décrit comme étant typique de ce qu’il ne faut pas faire en matière de gestion de crise. Un patient atteint de la maladie est admis à l’hôpital Hôtel-Dieu de Montréal où il infecte le personnel. La situation étant devenue intenable, la décision est prise de renvoyer chez eux les patients qui ne semblent pas être atteints de la maladie. Le virus se propage donc et fait, au bout du compte, 6000 victimes au Québec.
Cet épisode est intéressant dans la mesure où des parallèles peuvent être faits avec l’actualité récente. La vaccination existait à l’époque, mais ce n’était pas l’ensemble du corps médical qui était convaincu de son efficacité. Une grande méfiance persistait dans la population et une émeute éclata même pour mettre un terme à la campagne de vaccination.
« Il y a eu depuis toujours de fortes réticences à la vaccination, a commenté Catherine Frelin. Il y a quand même eu quelques accidents avec les premiers vaccins. »
Ainsi, en 1933, en Allemagne, 72 nourrissons sont morts d’un vaccin défectueux contre la tuberculose.
Plus près de nous, en 1955, une campagne de vaccination contre la poliomyélite (la « polio ») avait été soudainement suspendue, une centaine d’enfants étant soudainement décédés et plus de 200 étant devenus paralysés. Il a par la suite été découvert qu’une erreur de fabrication dans certains lots du vaccin était à l’origine de ces incidents malheureux. Plus troublant, encore à ce jour, il est impossible d’écarter la possibilité que ce vaccin, utilisé de 1955 à 1961, ait été à l’origine de plusieurs cancers.
Ces incidents ont conduit la conférencière à parler du processus d’évaluation de Santé Canada quant aux nouveaux produits. Cela dit, sur le plan logistique, la COVID-19 a révélé les nombreuses carences du Canada en termes d’approvisionnement. Le gouvernement s’est trouvé dépourvu lorsqu’est venu le temps de se doter de l’équipement nécessaire à une gigantesque campagne de vaccination, chose qui ne s’était pas vue depuis des décennies. « Il faut avouer que l’on n’avait plus l’habitude des maladies infectieuses », a commenté Catherine Frelin.
Quoi qu’il en soit, des progrès considérables ont malgré tout été accomplis ici comme ailleurs. « Je pense qu’il faut être très positif quant au fait qu’on a réussi à développer des vaccins aussi vite », s’est réjouie la conférencière. Qui plus est, pour remédier aux problèmes identifiés au cours des deux dernières années, le Canada a entrepris de revamper ses capacités d’approvisionnement comme l’a souligné Mme Frelin, qui a donné en exemple le financement public de l’usine de produits pharmaceutiques de Sanofi Pasteur Limited à Toronto.
Somme toute, le Canada est désormais mieux préparé à faire face, le cas échéant, à une autre pandémie.
Photo : Catherine Frelin (capture d’écran)