Dans le cadre de ses conférences mensuelles, la Société d’histoire de Toronto (SHT) proposait, le 19 janvier, une rencontre avec Kip Daechsel, président fondateur du comité de la Maison de la francophonie de Toronto. Ce rendez-vous virtuel était l’occasion de faire un compte-rendu du projet qui stagne.
La discussion était modérée par Catherine Frelin, membre du conseil d’administration de la SHT, qui est d’abord revenue sur le décès récent de Lisette Mallet, présidente de la SHT, pour lui rendre hommage avant de donner la parole à M. Daechsel.
La Maison de la francophonie est un rêve des francophones et francophiles de la Ville reine depuis plus de 40 ans. Depuis une quinzaine d’années, des Franco-Ontariens de Toronto et d’ailleurs en province ont mené des efforts soutenus pour que ce rêve se réalise. Cependant, le projet n’a pas reçu encore reçu l’appui nécessaire des élus fédéraux et provinciaux.
M. Daechsel a d’abord souligné que le titre de sa conférence est « Quel est le sort de ce bijou de la communauté? », qualificatif qu’avait donné la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor à ce projet lors d’un événement à l’Université de l’Ontario français l’an dernier.
La Maison de la francophonie est toujours à l’état de projet après 15 ans. Le groupe mené par Kip Daechsel cherche toujours à obtenir un appui ferme de la part des bailleurs de fonds publics pour acheter et rénover un bâtiment situé sur la rue Charles, au nord du centre-ville de Toronto. Les membres de ce comité sont Annie Dell, « doyenne du projet et notre inspiration », ajoute le conférencier, Linda Savard d’Ottawa, Richard Kempler qui n’est plus membre du comité, mais qui continue d’appuyer le projet, une étudiante de l’Université d’Ottawa qui demande l’anonymat, l’avocat Vincent Rocheleau et Alexandre Toupin de Toronto.
« Ce projet n’est pas le mien, c’est celui de tous les francophones de Toronto. La Maison de la francophonie doit être centrale, accessible, avec des espaces de stationnement et doit héberger des organismes à but non lucratif (OBSL). La création de la Maison remédierait à un problème chronique des OSBL francophones à Toronto, dont les ressources sont souvent insuffisantes pour couvrir la location de locaux appropriés. Plusieurs organismes ont manifesté de l’intérêt pour le projet et l’un des plus grands locataires potentiels serait une garderie qui occuperait 40 % de l’espace envisagé d’approximativement 10 000 pieds carrés », explique M. Daechsel.
Il a ensuite fait un parallèle avec les maisons de la francophonie de Vancouver et d’Ottawa pour démontrer que le succès de ces projets est l’œuvre de la volonté politique des élus, ce qui manque pour celui de Toronto.
« Une première demande de financement de 12 millions $ avait été envoyée à Patrimoine canadien en 2019. Cette demande a ensuite été revue à la hausse à cause d’une évaluation indépendante du coût d’achat et de rénovation du site devant accueillir la Maison de la francophonie réalisée à la demande de Patrimoine canadien.
Le prix du bâtiment historique était évalué à environ 12,5 millions $ et le coût des rénovations s’élèverait à environ 5 millions $ », confirme le président fondateur.
Le gouvernement fédéral a effectué sa propre évaluation qui est revenue beaucoup plus élevée. Le comité a donc essuyé un refus des fonctionnaires fédéraux et le gouvernement ontarien ne participe pas. Une situation qui tendrait à démoraliser les membres du comité. Kip Daechsel ne partage pas ce pessimisme.
« Nous restons optimistes parce que nous croyons que la ministre Petitpas Taylor démontrera le leadership nécessaire pour faire aboutir notre dossier. Elle ne jettera pas « le bijou de la francophonie torontoise » par-dessus bord. Les décisions prises jusqu’à maintenant par les fonctionnaires n’ont certes pas passé par son bureau », croit-il. Il conclut en mentionnant que les francophones de Toronto pourraient mettre plus de pression auprès des élus pour aider à faire aboutir ce projet.
Photo (capture d’écran) : Kip Daechsel