Page du journal L'Express de Toronto 1984 titrant Fondation de la Société d'histoire au Fort Rouillé

1984 : Retournons à octobre 1984

Retournons à octobre 1984

C’est dans le cadre de la seconde Semaine francophone (1) que la fondation de la Société d’histoire de Toronto fut marquée officiellement en public le lundi 3 octobre 1984 au monument élevé sur le site du Fort Rouillé, au CNE.

(1) À l’époque, la semaine francophone à Toronto était organisée par le Comité français de l’hôtel de ville.

À cette occasion, la Société avait invité le maire de la ville de Toronto, Art Eggleton à venir recevoir un certificat de membre à vie de la Société d’histoire de Toronto. La Société d’histoire de Toronto avait juste été fondée dans le cadre du 150e anniversaire de Toronto.

C’est Danièle Caloz, co-fondatrice de la Société d’histoire, accompagnée de Pierre Fortier et Lucie Amyot, qui a fait les honneurs et remis un parchemin au maire de Toronto. (Le discours de Danièle est reproduit à la fin de cette note).

Après la cérémonie, les invités, guidés par le son de la flûte de Josée Duranleau, se sont rendus au Marine Museum (2), juste à côté sur le site du CNE. Le tout fut suivi d’un déjeuner-causerie offert par la Société. Le conférencier était Donald Brown archéologue qui a présenté les résultats des recherches entreprises sur le site du Fort Rouillé en 1982.

(2) Le musée de la marine est maintenant fermé.

Le journal l’Express couvrit cette célébration et en fit le rapport dans son journal de la semaine du 9 au 15 octobre 1984. Merci à l’Express pour l’accès à leurs archives et leur coopération au cours des années.

3 octobre 1984 · Discours de Danièle Caloz

Chers amis,
Au nom de la Société d’histoire de Toronto et des membres de son comité ici présents, soit Pierre Fortier, Lucie Amyot et moi-même, je vous remercie tout spécialement d’être venus. I want to thank Mr Art Eggleton, Mayor of the City of Toronto; je remercie son Excellence Monsieur le consul général de France. I want to thank Mr. Scott James, Managing Director of the Toronto Historical Board, Mr. William Barrett, president, and Messieurs Jean Doucet et Charles Arsenault, membres du comité pour la reconstruction de Fort Rouill.

Je remercie également les représentants et représentantes :

  • du Comité de l’Hôtel de ville, Monsieur Paul Rouleau;
  • du Centre francophone, Madame Anne-Marie Couffin;
  • de la Semaine francophone, Madame Marianna Wright;
  • de la Paroisse du Sacré-Cœur, le Révérend Père Courtot;
  • de Radio Canada, Monsieur le président Guy Thériault;
  • du Conseil scolaire de Toronto, Madame Joan Doiron et Monsieur Rosario Marchesi;
  • du CAFO, Madame Denyse Nazaire;
  • du CCLF de North York, Madame Monique Popiel;
  • et finalement mais pas le moindrement, je remercie Monsieur l’archéologue Donald Brown, l’excellente flûtiste Melle Josée Duranleau et tous les amis et futurs membres de la Société d’histoire de Toronto.


La raison pour laquelle nous avons choisi ce site pour fonder notre Société d’histoire n’a bien sûr échappé à personne. C’est ici, ou plutôt à un mètre de profondeur sous nos pieds, que s’érigeait le Fort Rouillé, aux beaux jours de la Nouvelle France. Brûlé en 1759, le fort a bien sûr disparu du paysage. Et fort York, symbole d’autres beaux jours, et d’autres conquérants, l’a remplacé. Mais l’a-t-il vraiment remplacé

Avant de donner réponse à cette question, j’aimerais l’illustrer par un parallèle.

Premier élément du parallèle : nous sommes en 1811, par un beau jour, et deux personnes se promènent sur ce site, venant de Fort York. Il s’agit du gouverneur Gore, et de Quetton Saint-Georges, un important marchand de Toronto d’origine française. Les deux promeneurs ont la mine préoccupée. C’est que les nouvelles sont mauvaises : les États-Unis ont en effet passé une loi d’embargo sur les marchandises destinées au Canada et Monsieur Saint-Georges vient d’apprendre que ses commandes new-yorkaises, d’une valeur énorme, viennent d’être saisies par la douane américaine à Niagara. Et voici qu’une troisième personne accourt sur ces lieux : c’est Thomas Verchères de Boucherville, le commis de SaintGeorges à Niagara. A-t-on brûlé les marchandises? Ce serait la ruine pour le marchand. Mais non, Thomas de Boucherville a de bonnes nouvelles pour son patron avec la complicité de la garnison anglaise de Niagara et une vingtaine de fort à bras, les marchandises ont été récupérées en un raid nocturne du côté américain, et sans tirer un coup de fusil. Monsieur Saint-Georges remercie le ciel et le gouverneur Gore sourit. Il va considérer cette affaire comme la simple contrebande. Et, comme la guerre sera déclarée l’année suivante ces marchandises se vendront à prix d’or et feront la fortune de Monsieur SaintGeorges. Jolie collaboration anglo-française, ne trouvez-vous pas ?

Je passe maintenant au deuxième élément du parallèle. Ce sont de beaux jours de septembre 1984, la semaine dernière plus exactement, et c’est le Heritage Fair, soit le Festival du Patrimoine à Fort York. Six classes d’écoliers, appartenant à diverses écoles francophones ou d’immersion de la ville, l’ont visité. La visite terminée, ils se sont ensuite dirigés vers Fort Rouillé et, à partir de ce monument, ont essayé de se représenter le fort d’autrefois, alors tout près des rives du lac Ontario.

Voilà les deux éléments du parallèle : ces écoliers ont ainsi établi des liens entre les deux passés, le français et le britannique, mais aussi, et ceci est plus important, ils ont célébré un aspect fondamental du Toronto d’aujourd’hui, c’est-à-dire un Toronto qui est bien résolu à reconnaître et à intégrer son passé francophone, tout autant que son présent.

And it is mainly this recognition and integration of the francophone element in the fabric of the city of Toronto that the Société d’histoire de Toronto wants to celebrate. And that is why we want Mr. Art Eggleton, Mayor of this city, to be the first and most honoured member of our Society. So without further ado, I declare the Société d’histoire de Toronto officially founded and I have the pleasure of presenting to you, Mr. Mayor, this honorary membership.

– Danièle Caloz