Article de L’Express (nov 2021) : La démolition est l’ennemi du patrimoine culturel
Une ville sans édifices est comme une personne sans mémoire» a cité Gilles Huot pour illustrer l’importance de la rénovation du patrimoine. Pour cet habitant du quartier Cabbagetown, on n’a pas à démolir le passé pour préserver notre culture.
Gilles ne se définit pas comme un spécialiste, mais comme un passionné d’histoire du patrimoine. À travers les photographies de son quartier, ce salarié des services en français du gouvernement de l’Ontario, conférencier du mois de la Société d’Histoire à l’Alliance française, nous a fait découvrir l’importance de conjuguer passé avec avenir.
La préservation est une bonne idée… qui est arrivée trop tard à Toronto, selon lui. La loi à ce sujet n’a été votée qu’en 1975. Et encore, elle a mis du temps à s’installer.
Protéger l’histoire
Cabbagetown n’est protégé que depuis 2002, alors que celui-ci enferme les édifices les plus historiques de Toronto. «Entre 2010 et 2014, ce sont plus de 7000 propriétés historiques qui ont été rénovées», précise Gilles Huot.
La question ici est celle du «paysage urbain». La ville est construite selon une harmonie particulière, les bâtiments dépendent des artères où elles se trouvent.
Des districts préservés
Depuis lors, le gouvernement de l’Ontario a mis en place une désignation patrimoniale des édifices. Avant, cela se faisait individuellement, aujourd’hui, tout est mis en place par district. À Cabbagetown, il y en a trois principaux par exemple.
Cette désignation encouragera au mieux la rénovation des bâtiments parfois laissés à l’abandon. Pour les habitants, cela représentera également des restrictions. Gilles qui habite dans un district préservé témoigne de cela.
«Pour changer les parties visibles d’un édifice, il faut demander une autorisation à la ville, et souvent c’est refusé.» Mais au-delà d’un besoin individuel, la rénovation à Toronto est importante pour garder une trace de ce «petit village devenu ville commerciale».
Petite ville devenue grande
Pour le passionné d’histoire du patrimoine, l’urbanisation remonte principalement à l’arrivée du chemin de fer à Toronto dans les années 1850, qui a permis une émancipation de la Ville Reine. Quand cela a apporté une plus grande densité de population, la ville a connu un réveil trop tardif pour comprendre les enjeux de son patrimoine.
Gilles Huot s’est d’ailleurs engagé à la cause en créant l’Association pour la préservation de Cabbagetown. Pour lui, aujourd’hui, il est nécessaire de sensibiliser les habitants à leurs quartiers, pour leur permettre de l’apprécier et de les protéger.