Les premiers Européens à Toronto ont été des Français, bien avant les Britanniques. Cette vérité historique trop souvent occultée est à présent rétablie, et ce, par la Ville de Toronto elle-même. Un nouveau sentier autoguidé, Le sentier partagé/The Shared Path, remontant aux racines autochtones et françaises de Toronto, a vu le jour en juin dernier, après plus d’une dizaine d’années d’efforts en coulisse de la part de la Société d’histoire de Toronto (SHT).
«Le sentier partagé est une composante du parc historique de Toronto et comprend 34 panneaux disposés sur 12 aires d’interprétation, sur 150 acres de parcs et 14 kilomètres de sentiers», explique Lisette Mallet, coordonnatrice du projet de parc historique de la SHT, qui a su naviguer pendant trois ans dans les méandres administratifs pour mener ce projet à bon port.
Le sentier longe la rivière Humber, dans l’ouest de la ville, jadis une importante voie de communication des autochtones et des premiers explorateurs français, dont Étienne Brûlé, envoyé de Champlain dans cette région en 1615, puis René Robert Cavelier de La Salle en 1680.
Dès 1720, le marquis de Vaudreuil crée le «magasin royal de Toronto» pour empêcher la traite des fourrures des autochtones avec les Anglais à Albany, de l’autre côté du lac Ontario. Finalement, le troisième établissement français, le fort Rouillé (1751), sera brûlé en 1759, après la chute de Québec.
Pour trouver le financement du sentier et des panneaux d’interprétation (bilingues), la SHT a dû fusionner son projet avec le programme des Discovery Walk (Promenade découverte) de la Ville. «Il a fallu faire le lien entre les besoins du projet et les possibilités de financement existantes», résume Lisette Mallet.
Après divers compromis, la promenade survole toute l’histoire du site au fil des différentes communautés ethnoculturelles qui se sont succédé sur les berges de la rivière Humber (autochtones, français, anglais), d’où le nom de «Sentier partagé».
Le nom officiel du Sentier partagé figure d’ailleurs en cinq langues, le français, l’anglais et celles des trois nations autochtones de passage sur le site, les Huron-Wendats, les Sénécas et les Mississaugas (Ojibway, qui vivent d’ailleurs non loin, à Port Credit).
«Le parc a été conçu parce que les Torontois ne connaissent pas leur histoire et qu’il n’existe aucun musée de l’histoire de Toronto, résume Lisette Maillet. Le parc est aussi là pour aider à comprendre que le multiculturalisme à Toronto ne date pas d’hier.»
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Collaborateur du Devoir
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Société d’histoire de Toronto: www.sht.ca. Pour une version allongée de cet article et tous les liens pertinents, consultez l’article Le Sentier partagé : aux sources de Toronto.