Conférence mensuelle de la Société d’histoire de Toronto: réflexion sur l’histoire |
Mercredi 14 janvier, à l’Alliance française rue Spadina, la Société d’histoire de Toronto (SHT) présentait sa conférence mensuelle, cette fois ci sur le thème de la mémoire. La conférence intitulée La mémoire en deux Temps était présentée par Danièle Caloz. Le but principal de cette conférence était d’amener à une réflexion sur la façon dont est écrite l’histoire des peuples et des nations. Le parallèle entre mémoire individuelle, mémoire collective et histoire permettait à travers plusieurs exemples de prendre du recul sur la réalité historique. Concernant des évènements identiques, la mémoire individuelle peut différer d’une personne à l’autre. On réalise parfois qu’une même personne peut être vue de manière totalement différente par les gens qui l’ont connue. On comprend donc aisément que, lorsqu’il s’agit de l’histoire, elle peut être interprétée différemment selon le vécu personnel, la culture ou l’origine des personnes. Non seulement on va mieux retenir certains évènements plutôt que d’autres mais surtout les historiens, qui sont des personnes «normales», peuvent parfois manquer d’objectivité et conduire leurs recherches avec pour but de confirmer certaines hypothèses plutôt que d’autres. D’ailleurs l’histoire sert ou a assez souvent servi des intérêts politiques. En mettant en avant certains points on peut facilement créer des mythes dont le but est de renforcer un sentiment d’appartenance à une «nation» parfois créée de toutes pièces. Danièle Caloz a rappelé à l’auditoire l’exemple de l’ancêtre gaulois créé pour trouver un ancêtre commun aux français et rappelle que, lors de la colonisation, cette histoire a même été enseignée en Afrique où l’on apprenait aux enfants que leurs ancêtres à eux aussi étaient gaulois. Si l’histoire officielle est parfois déformée volontairement, il arrive aussi que des faits avérés soient déformés par des croyances populaires, par la mémoire collective qui interprète les faits et entretient des légendes parfois complètement fausses. À ce titre, elle donne l’exemple de l’histoire du roi Dagobert que la chanson Le bon roi Dagobert tourne en dérision alors que la réalité historique veut que sa gouvernance ait été relativement correcte. La chanson a en fait été écrite bien après l’époque du Roi Dagobert, à l’époque de Louis XVI. Tout le monde à cette époque comprenait que le Roi Dagobert dans la chanson désignait en fait Louis XVI que l’on ne pouvait nommer. Mais aujourd’hui, dans la mémoire collective personne ne connait cette anecdote. Danièle Caloz a terminé sa conférence en évoquant les thèses d’un historien canadien, John Ralston Saul pour qui tous les canadiens arrivés avant 1760 se sont mélangés avec les peuples autochtones, ont adopté certains aspects de leur mode de vie et ont survécu grâce à cela. Selon John Ralston Saul, ceci fait que le Canada a une histoire et une mémoire empruntées à l’Europe avec un inconscient collectif métis d’où proviendrait certaines particularités canadiennes comme le «concept de nation multiculturelle et la complexité dans un contexte de négociations politiques». Par ces multiples exemples, Danièle Caloz a voulu rappeler à l’auditoire qu’il fallait se fier à l’histoire mais aussi parfois s’en méfier. À travers le dernier exemple elle a voulu montrer que de nombreuses lectures de l’histoire sont possibles et a terminé son intervention en émettant la possibilité d’inviter un jour John Ralston Saul pour l’une des conférences de la SHT.
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